Lorsque vient le temps de quitter un emploi, recevoir son solde de tout compte devrait être une formalité. Malheureusement, certains employeurs traînent parfois des pieds. Dans cet article, nous explorerons vos droits en tant qu’employé et ce que dit la loi sur cette question essentielle. Ne laissez pas vos droits être négligés lors de votre départ professionnel.
Sommaire :
Les obligations associées au document de solde de tout compte
À la fin d’un engagement professionnel, l’employé doit recevoir de la part de son employeur un ensemble de documents indispensables. Notamment, l’attestation de travail, la notice pour Pôle emploi, et le document de solde de tout compte conformément aux articles L. 1234-19 et L. 1234-20 du Code du travail.
Peu importe la nature du contrat de travail (contrat à durée indéterminée, contrat à durée déterminée, contrat d’apprentissage, etc.), ce document, préparé par l’employeur, doit être obligatoirement remis au salarié. Il résume tous les paiements effectués au salarié lors de la cessation du contrat de travail.
Lors de la fin d’un contrat de travail, l’employeur est tenu de remettre à l’employé un ensemble de documents critiques, y compris le document de solde de tout compte. Ce document, qui doit être fourni dans les délais prescrits, contient des informations cruciales.
Quand est-il nécessaire de fournir ce document ?
À chaque conclusion de contrat de travail, quelle que soit la raison, l’employeur est obligé de préparer et de remettre un document de solde de tout compte au salarié. Cette obligation s’applique indépendamment du motif de la fin du contrat. Que ce soit une démission, l’expiration d’un contrat à durée déterminée, une rupture conventionnelle ou un licenciement, conformément à l’article L. 1234-20 du Code du travail.
Quels détails doivent y être inclus de manière obligatoire ?
Le document de solde de tout compte doit clairement mentionner :
- Le calcul final des sommes dues au terme du contrat, incluant le salaire, les bonus, les congés payés non pris, et les indemnités de fin de contrat (article L. 1234-20 du Code du travail). Il faut lister ces montants de manière détaillée. Une simple allusion au bulletin de salaire n’est pas suffisante pour satisfaire les obligations de l’employeur (décision de la Cour de cassation, chambre sociale, 14 février 2018, n° 16-16.617) ;
- La précision que le document de solde de tout compte est établi en deux exemplaires, conformément à l’article D. 1234-7 du Code du travail.
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Quel est le délai maximal pour effectuer le versement du solde de tout compte à l’employé partant de l’entreprise ?
L’employeur doit remettre le solde de tout compte pour éviter d’encourir des sanctions. Le Code du travail reste vague sur le calendrier exact de cette démarche, stipulant simplement que le paiement doit être effectué lors de la remise du document. Faute de délai légal explicite, le paiement devrait être réalisé dans une fenêtre de temps jugée raisonnable. Un document confirmant le paiement des sommes dues sera préparé par la suite.
Important : Pour initier le décompte du délai de six mois, au-delà duquel l’employé ne peut plus contester le document de solde de tout compte, il est crucial d’y mentionner la date de manière précise. D’où l’importance de la signature de l’employé sur ce document, même s’il n’en est pas l’initiateur (Cour de cassation, chambre sociale, 20 février 2019, n° 17-27.600).
L’étape cruciale de cette procédure est la remise effective du solde de tout compte. Malgré l’absence d’un délai déterminé, l’employeur doit effectuer cette remise à la conclusion du contrat de travail, et pas avant (Cour de cassation, chambre sociale, 20 février 1986). Cette remise devrait intervenir après la période de préavis, dans le cas où un tel préavis est requis.
Quel est l’avis de la jurisprudence sur le retard de la remise du solde de tout compte ?
L’employeur a la latitude de différer la remise du solde de tout compte, la législation n’ayant pas fixé de fenêtre temporelle précise. Cependant, il peut être sujet à des sanctions s’il ne réalise pas la remise dans un délai jugé raisonnable. L’évaluation de ce qui est considéré comme un délai raisonnable est à la discrétion des tribunaux.
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Quelles répercussions pour l’employeur si le solde de tout compte n’est pas remis à temps à l’ex-salarié ?
Un retard dans la remise du solde de tout compte peut ouvrir droit à des indemnisations pour préjudice subi par l’employé, conformément à l’article 1240 du Code civil.
Important : l’absence de remise des autres documents relatifs à la fin du contrat, expose l’employeur à des peines pénales. Notamment : le certificat de travail (art. R. 1238-3 du Code du travail) ou l’attestation destinée à Pôle emploi (art. R. 1238-7 du Code du travail). Les amendes peuvent atteindre 450 euros pour le premier manquement (4e classe) et 1 500 euros pour le second (5e classe, art. 131-13 du Code pénal).
Comment l’employeur doit-il procéder pour la remise du solde de tout compte ?
L’employeur peut choisir de remettre le solde de tout compte en personne, contre signature, ou de l’envoyer par voie postale, en utilisant un courrier recommandé avec accusé de réception à l’intention du salarié.
Comment agir lorsque mon employeur tarde à me remettre mon solde de tout compte ?
Avant de se tourner vers le Conseil de prud’hommes pour régler un conflit, l’employé peut envisager de parvenir à un arrangement amiable pour recevoir son solde de tout compte.
- Rédaction et envoi d’une lettre formelle de mise en demeure
L’employé peut choisir de rédiger et d’envoyer une lettre de mise en demeure. Ceci, lorsque les tentatives de dialogue avec l’employeur n’ont pas permis d’obtenir les documents finaux relatifs au contrat. Par exemple : l’attestation destinée à Pôle emploi, le certificat de travail, et le solde de tout compte. Cette lettre doit préciser de manière explicite la demande, en rappelant à l’employeur ses obligations légales et en indiquant le délai dans lequel le solde de tout compte devrait être reçu.
- Initiative de conciliation
Si l’employeur continue d’omettre de remettre les documents requis après le contrat, l’employé devra envisager une conciliation. Lors d’une action devant le Conseil de prud’hommes, le Bureau de Conciliation et d’Orientation (BCO) invitera les deux parties à une séance de conciliation. En accord avec l’article L. 1454-1 s. du Code du travail.
- Saisie du Conseil de prud’hommes
Si les efforts pour trouver un accord à l’amiable échouent et que l’employeur refuse toujours de délivrer les documents, l’employé a alors la possibilité de saisir le Conseil de prud’hommes pour résoudre le différend. Il faut souligner qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un avocat pour cela (selon l’art. L. 1453-1 A du Code du travail).
L’employé a la faculté de contester le document de solde de tout compte jusqu’à six mois après sa signature, en vertu de l’article L. 1234-20 du Code du travail. Cette contestation doit être formalisée par l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception, comme stipulé par l’article D. 1234-8 du Code du travail.
L’employé doit être au fait de ses droits relatifs à la réception des documents de fin de contrat, incluant le solde de tout compte. Face au non-respect de ces obligations par l’employeur, diverses démarches peuvent être mises en œuvre pour défendre vos droits et réclamer ce qui vous est dû légalement.
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